Lors des travaux de terrassement en vue de la construction de la fromagerie et de la cave d’affinage, nous avons profité pour créer un grand replat pour le nouveau potager : 80m2 sur le bas du nouveau terrain, qui demandait peu de nivèlement, bordé par le muret du chemin communal. Avec une clôture assez haute pour interdire aux chèvres et aux cerfs d’y accéder, et à seulement une quinzaine de mètres de la bergerie, source inépuisable d’amendement, le nouveau potager partait cependant d’un sol hautement minéral, du cailloux et du cailloux…
Le plan était donc de fabriquer petit à petit un sol adapté aux plants potagers, à partir des ressources in situ. De la terre de montagne, c’est à dire, la mince couche existante, heureusement travaillée par les taupes et les racines pivotantes des rumex et des sisymbres, ainsi que les infatigables racines des orties, et enrichie par l’éventail des espèces de nos étendus herbeuses : trèfle, gesses, lotier, plantain, achillée, millepertuis, ronce, thym serpolet, origan, et toutes les diverses graminées dont j’aspire à connaitre un jour les noms…
A ce mélange organique et minéral, la matière abondante venant du défumage de la bergerie allait apporter du volume.
Premier cycle 2019 : à la fin de l’automne et ensuite au tout début du printemps on entasse le fumier et la paille sortis de la bergerie en un gros tas à l’entrée du potager. Au printemps, pas la peine de planter autre chose que des courges, seules à s’épanouir dans un compost aussi frais.
Deuxième cycle 2020 : on tire le premier tas vers le milieu du potager en créant de longues buttes basses, et on empile un nouveau tas fumier-paille à l’entrée, en y enterrant une base de vieilles planches sorties de la bergerie lors des travaux de la toiture. Je plante des pommes de terre au milieu et des courges à l’entrée. Avec des vieilles poutres et bouts de chevrons de la bergerie que nous avons remplacées on monte un muret le long du côté nord du potager pour former une petite terrasse, que l’on remplit également de vieilles planches et de mélange fumier paille.
Troisième cycle 2021 : on tire le milieu vers le fond en longues buttes basses, l’entrée vers le milieu, et un nouveau tas de paille et fumier prend place à l’entrée. Là, je peux commencer à diversifier un peu ; la terre du fond du potager est bien digérée, j’y plante des blettes, des radis, des haricots, des salades, des courgettes, du chou frisé ainsi que de la bourrache et des pavots. Au milieu, des pommes de terre, et à l’entrée, des courges. La terre reste peu profonde, mais riche, les légumes n’ont pas de mal à y pousser. Sur la petite terrasse, j’installe des boutures de sauge, des rhubarbes, et des petits fruits, cassis et groseilles, et j’aménage de la place pour le thym serpolet, l’origan, et la camomille, déjà présents, qui peuvent s’étaler.

Quatrième cycle, 2022 : même rotation de la terre, le potager gagne en profondeur. Cette année, le potager est luxuriant : au fond, blettes, betteraves, bourrache, pavot, courgettes, haricots, piments, radis, choux, aneth, et même des carottes ! Enorme récolte de pommes de terre et de courges, spaghetti et butternut. Sur la petite terrasse, les aromates sont florissantes, rhubarbe et petits fruits s’étalent. J’y ajoute des boutures de romarin et des pieds de kiwi, ainsi que de l’échinacéa. Ces 80m2 de potager ont produit près de 800 kilos de légumes, tout l’été la cuisine des conserves a carburé et nous avons des courges et des pommes de terre pour l’année (en espérant qu’elles se gardent bien et en distribuant volontiers à notre famille et nos amis). En cette fin de mois de novembre, il reste une bonne quantité de blettes, betteraves, choux, carottes, radis noirs et piments au potager, qui peuvent survivre au début, voire pour certaines plantes jusqu’au bout de l’hiver.

Perspectives pour le potager :
La rotation du fumier plus ou moins composté continuera, mais l’idée serait de perturber de moins en moins le sol en profondeur pour qu’une bonne couche puisse s’établir sur la surface entière du potager. Le grand remue-ménage n’aura lieu qu’en surface et en début d’année, et le sol pourra développer tranquillement sa vie microbienne et l’échange des minéraux avec la couche argileuse et rocheuse plus en profondeur.
Je plante plutôt serré, en mélangeant plusieurs plantes et légumes sur chaque butte, et en laissant les plantes natives cohabiter spontanément, tout en contrôlant leur étendu. C’est en partie grace aux plantes indigènes que les fleurs sont omniprésentes toute l’année, assurant pollen et nectar pour les abeilles et la pollinisation des fleurs des légumes. Enrichir le mélange d’autres espèces et variétés et étendre la production le plus possible sur la saison d’hiver fait partie des perspectives à venir.
Une serre ouvrirait de nouvelles possibilités de culture et sera probablement une des prochaines étapes dans le développement du potager, dans le but de faire pousser des légumes plus exigeantes en chaleur et de prolonger la saison en amont et en aval.
Merci Jen de nous donner de vos nouvelles ! et heureuse de voir les activités se diversifier et prospérer.
Bon hiver à vous deux et aux biquettes.
ça fait tellement du bien d’avoir de vos nouvelles et voire tout ces belles réalisations . Vivement une petit visite chez vous . gros bisous Anna
Anna! Viens, ça nous ferait super plaisir de te montrer la ferme et rattraper les nouvelles de vive voix, bisous!