Géoépuration au courtaou de Hount-Blanque !
Les vachers de Hount-Blanque accélèrent la descente des eaux boueuses vers leurs prairies en vallée. carte postale postée en 1902 (crédit G.Buisan Des cabanes et des hommes)
La mare à fumier (crédit G.Buisan Des cabanes et des hommes)
Hount-Blanque cabanes au toit de lauzes couverte d’herbe et en arrière plan le laquet (mare à fumier) qui recevait eau et fumier de bovins mélangés. (crédit G.Buisan Des cabanes et des hommes)
On ne redécouvre la géoépuration ou pédo-épuration en France que ces dernières années.
Cette pratique qui consiste à valoriser les eaux enrichies, chargées de nutriments, est pourtant très ancienne et remonte au temps ou tout avait valeur et vertu. Du Cradle to Cradle* avant l’heure.
Hors de question pour les vachers de laisser le fumier des bovins en estive alors qu’il est le seul engrais disponible.
Les vachers organisaient des descentes de fumier séché à dos de mule mais avaient également mis au point un ingénieux réseau de canaux permettant de faire descendre eau et fumier mélangé vers les prairies de fauche en aval.
Il y avait une mare à fumier au Hourc. Elle existe toujours. L’eau mélangée au fumier était dirigé vers les prairies en aval grâce au réseau de canaux.
Cette valorisation des eaux ménagères au jardin s’est également développée dans les régions arides des États-Unis et en Australie. Il s’agit de systèmes simples assurant conjointement le traitement des eaux ménagères par épandage à faible profondeur et leur valorisation en répartissant les tranchées d’infiltration à proximité d’arbres ou d’arbustes. La mise en œuvre de ces systèmes ne demande que très peu de matériaux et un chantier minimaliste. Au préalable, une étude de terrain par un géopédologue permet de dimensionner les zones d’épandage en fonction de la perméabilité du sol.
Une nouvelle fois nous allons nous inspirer d’une technique ancienne de valorisation des déchets, développée par les vachers et bergers des Courtaou en la rendant simplement plus pratique d’entretien.
Les canaux ne sont plus à ciel ouvert mais sont des conduites enterrées.
Les eaux enrichies seront valorisées sur place en fertilisant le verger devant la grange. Ces eaux traités sont les eaux grises (douche, cuisine, eaux de lavage) ainsi que les urines provenant des toilettes à séparation. Le contenu des toilettes sèches est lui composté et répandu sur les prairies. Les déchets vert de cuisine sont composté et cette biomasse est elle utilisée au potager.
Le concept global : considérer les déchets comme des ressources
Ayant un mode de vie écologique, la surface de filtration nécessaire peut être réduite environ 1 m² par adulte (= équivalent habitant).
Ce mode de vie implique d’utiliser :
-des toilettes sèches
– des produits cosmétiques et d’entretien biodégradables et non bactéricides.
Descriptif du système de géoépuration mis en place :
– 3 tranchées de 3m x 40cm de profondeur et 40cm de large sont remplies de BRF
– Les eaux grises débarrassées des graisses via le filtre à graisse (filtre à paille) en amont de l’installation sont dirigées vers les deux regards répartiteurs.
– Depuis les regards répartiteur l’eau arrive en surverse (par-dessus) dans trois tranchées remplies de BRF (Bois
Raméal Fragmenté)
– elle s’écoule vers le fond de la tranchée et est rejetée dans le sol au pied des arbres fruitiers
Quelques mois plus tard on distingue à peine les tranchées.
Les capucines -plantées pour attirer les pucerons et éviter leur prolifération sur les pommiers- et les fruitiers profitent aujourd’hui de ce système de géoépuration.
*Cradle to Cradle : Du berceau au berceau (Cradle to cradle pour les anglophones, aussi abrégé en C2C), est une partie de l’écoconception mais aussi un concept d’éthique environnementale ou de philosophie de la production industrielle qui intègre, à tous les niveaux, de la conception, de la production et de la réutilisation du produit, une exigence écologique dont le principe est zéro pollution et 100 % réutilisé.
Grange Foraine 
Ouais,pas mal sauf que en plantant quelque chose, du bambou par exemple, tu utilises la ressource en eaux usées tout en la traitant et puis après 4 ans tu as ,même en montagne, une récolte de bambou qui peut te servir pour des milliers de trucs.
C’est exactement ce que l’on fait, nos rejets sont positifs c’est à dire qu’on les valorise en faisant pousser auprès des tranchées de géoépuration des arbres fruitiers des petits fruits et des légumes… c’est meilleurs que le bambou 😉
Bonjour
Ça c’est passé comment avec la spanc pour la validation de votre système d’assainissement autonome par pedo épuration, parce chez moi en Ariège, ils veulent pas en entendre parler 😦
Bonjour Christophe pardon pour cette réponse plus que tardive. Si ma réponse peut encore être utile :
Après contrôle notre système est déclaré par le SPANC « non conforme » et « sans dysfonctionnement majeur », donc c’est le plus important : non polluant. Tu reçois donc une injonction à tout refaire mais puisque ton système est opérationnel et je dirais même meilleur que les systèmes préconisés tu ne peux être contraint à le modifier. Le Spanc peut continuer à t’intimider et il sera alors contraint de prouver que le système est polluant. Continuons donc à faire mieux qu’eux !
Bonjour Jen et Fred,
Merci de votre réponse, elle n’arrive pas trop tard parce que l’on prend encore le temps de la réflexion afin de trouver le système le plus respectueux de l’environnement sans passer par Aquatiris qui abuse clairement de leur situation de position dominante avec la bénédiction de la Spanc de l’Ariege. Votre éclairage nous est donc très précieux.
Merci d’avoir pris le temps de nous répondre. Et bonne continuation à votre beau projet.
Christophe