Le terrain, le verger, le potager

Le terrain

Au moment de notre acquisition de la grange, la nature avait repris ses droits sur notre terrain de 1,7 hectares depuis plusieurs décennies.  Les nombreuses sources et résurgences qui au temps des derniers bergers étaient canalisées le long d’un muret au bord du chemin communal avaient débordé dans les champs, inondant l’ancien chemin d’accès qui monte depuis le guet, et rendant une grande partie des terres marécageuse.  Dans le pré qui borde la rivière en bas du terrain on s’enfonçait jusqu’aux genoux.
MarecageFleuri

On met les bottes!

Des centaines de tiges de jeunes frênes s’élevaient d’un tapis de joncs, de populage des marais, de reine des prés et d’orchis tachetés, les cardamines des prés et les oeillets des Pyrénées échevelés bordaient les cours d’eau tracés dans la pente, et les saules étanchaient leur grande soif dans les abondantes eaux de ruissellement.  Un beau spectacle mais qui rendait notre terrain impraticable!

L’idée n’était pas d’éradiquer l’humidité, mais de la canaliser, pour assainir le chemin d’accès que nous voulions réaménager pour les travaux, et pour ouvrir des espaces drainés qui encourageraient d’autres espèces végétales à s’y installer, et nous permettraient de planter quelques arbres fruitiers ainsi qu’un carré de légumes.  Nous gardons une partie de prairies humides pour que la flore diverse qui la peuple puisse continuer à s’épanouir.

Une bêche pour trancher, une griffe piocheuse pour arracher les mottes, une pelle pour approfondir, et un sécateur pour couper les branches et racines qui entravaient le canal de drainage, et c’était parti !  FinDrain01

Le canal de drainage commence à la grange!

Cent cinquante mètres plus loin, j’amenai le canal (25cm de large, entre 20 et 40cm de profondeur) que j’avais creusé en haut du terrain à deux mètres du muret, vers la pente, le long de laquelle j’ai continué le canal sur 50 mètres jusqu’au ruisseau en bas du terrain.  Plusieurs jours d’un travail très satisfaisant, à regarder l’eau suivre le chemin que je lui traçais, et devenir en haut de la pente un véritable petit ruisseau qui sautait en cascades jusqu’à rejoindre son grand frère le ruisseau du H.

Les résultats de ce drainage ne se sont pas fait trop attendre.  Au bout de quelques mois, le chemin d’accès s’est pratiquement asséché, et les terres en dessous du canal de drainage retrouvaient assez de fermeté pour qu’on ne s’y enfoncent plus.  Ce premier canal nous a permis de repérer les endroits où d’autres résurgences sortaient de terre, plus bas sur le terrain.

VergerBas1

A la fin du premier hiver, au début de la fonte des neiges, une ligne noire est apparue dans le marécage couvert de neige en bas du terrain, la où les eaux se rassemblaient dans un creux qui évacuait l’eau vers le ruisseau.  J’ai marqué la ligne en plantant des tiges de frênes coupées le long de ce creux qui allait devenir invisible sous la végétation du printemps, et une fois le beau temps de retour, j’ai creusé un deuxième canal à cet endroit pour commencer à drainer une partie du marécage.

Christiane, ma belle-mère, trouvant autant de plaisir que moi à guider l’eau vers ces mini-ruisseaux, a continué à y amener les sources du fond du terrain à la grande descente commune.

Le verger

Il n’est pas rare de voir de vieux pommiers près des granges de montagne, qui résistent vaillamment aux durs hivers en altitude.  Dans le temps, la vallée en bas comptait de nombreux vergers de pommes dont on peut voir aujourd’hui les vestiges ou les reprises.

FleurPommierLes premières fleurs de pommier

Le choix de pommiers rustiques et de variétés anciennes s’imposait, non seulement pour leur résistance au froid mais aussi pour encourager la diversification et découvrir les goûts infinis dont la pomme est capable.  En novembre de notre première année à la grange, j’ai donc planté un Court-pendu, un Museau de lièvre, et l’indispensable Reine de reinettes pour favoriser la pollinisation.

L’emplacement des nos arbres fruitiers devait leur assurer une terre bien drainée et une bonne exposition au soleil, mais je voulais aussi que le verger reste discret, pour ne pas transformer le paysage sauvage de la montagne en terrain agricole.  J’ai donc évité de planter les arbres sur la pente la plus exposée, qui est aussi la plus visible.  Les pommiers ont trouvé leur place devant la grange, mais ils sont discrets derrière les cimes d’une rangée de petits sapins qui ne leur enlève pas pour autant de la lumière.

En bas de la pente, bien protégés du vent et baignant dans les rayons du soleil presque toute la journée, j’ai planté cinq autres arbres fruitiers : un cerisier Bigarreau, un prunier Mirabelle, un petit poirier qui nous a été offert par des amis de la famille Françoise et Jean, un prunier Quetsche, et un cognassier Wranga.  Je les ai installé juste au-dessus de la limite du terrain drainé, l’idée étant de pouvoir en planter d’autres plus bas une fois que le marécage commence à s’assécher.

Pour finir, un châtaignier, planté au bout du terrain tout en haut de la pente, qui me motivera pour maintenir et nettoyer le canal de drainage pour que ce bel arbre ne se retrouve pas les pieds dans l’eau!

PommiersMuseau de lièvre, Reine de reinettes, Court-pendu

Les fruitiers (qui ont deux ans, trois maximum) sont plantés dans des trous profonds de 50 cm, remplis par la suite avec un mélange de terre sortie du trou et de terre parfaitement aérée des taupinières.  Je rajoute en surface, et pas trop près du tronc, une couche de terre noire et gorgée d’eau des prairies humides.  Une couche de paillage faite avec l’herbe des prés assure une bonne humidité et empêche le retour trop rapide d’autres plantes poussant au pied des arbres.  Chaque arbre est protégé par un grillage fixé sur trois piquets d’acacia, pour éviter que les vaches, les chevaux, les biches et les chevreuils ne les grignotent!  J’attache, dans ce même but, des cheveux aux branches (les miens, collectés dans ma brosse à cheveux), l’odeur de l’humain servant à éloigner les animaux sauvages.

Tous les arbres de cette première année ont pris racine et au printemps suivant ils déployaient vigoureusement leurs feuilles.  Nous avons même eu une première récolte de deux coings!  C’était inattendu, puisque ces jeunes fruitiers n’étaient pas censés produire avant leur deuxième été chez nous.  Le seul qui ne s’est finalement pas adapté fut le petit poirier, qui avait l’habitude des chauds et longs étés de chez nos amis.  Ses feuilles toutes neuves ont gelé par une nuit froide de printemps, et il ne s’est jamais vraiment remis de cette expérience qui a arrêté net sa croissance.  Mais je l’ai gardé pour voir si ce printemps il voudrait re-tenter le coup, on ne sait jamais!cognassier

le cognassier

A l’automne, j’ai inspecté le terrain du marécage pour voir les effets du drainage, et constaté que j’avais de la place pour planter encore cinq arbres, en dessous de la première rangée.  Deux nouveaux pommiers, un Reinette Clochard et un Reinette de Caux, un poirier Louise Bonne, un noyer Franquette, et un abricotier Bergeron (parce qu’il faut expérimenter!).  Cette fois-ci j’ai opté pour un grillage anti-rongeurs qui s’enroule directement autour du tronc, plus discret que le grillage sur piquets, et puis des cheveux bien sûr!  Si ça semble suffire, je remplacerai le grillage des arbres de la première année.

Vive le printemps!

Le potager

J’ai trouvé l’endroit, à l’écart, peu visible, protégé du vent et ensoleillé, ne me manque que le temps pour l’aménager !  En effet, il faudrait construire des terrasses, à l’ancienne bien sûr avec des murets en pierre sèche, et un système d’irrigation tiré depuis la descente des sources canalisées….
à suivre!


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