Un élevage de chèvres Pyrénéennes

Cette aventure a débuté lorsqu’un ami éleveur de la vallée nous a  laissé en garde son petit troupeau de chèvres pyrénéennes, dans le but de débroussailler les prairies attenantes aux granges du Hourc.

 

La chèvre est l’auxiliaire parfait pour réouvrir les prairies qui cèdent petit à petit à la forêt.  En effet, les troupeaux de vaches, chevaux et brebis qui passent un temps au Hourc ne parviennent pas à empêcher la marche de la reprise végétale : orties et ronces, fougères et genêts, noisetiers et saules, puis hêtres et sapins transforment les étendus d’herbe en forêt à une vitesse étonnante.

Et justement la chèvre se régale des ronces, chardons, noisetiers et saules et prépare le terrain aux vaches, brebis et juments de passage ou en estive au Hourc.  

On aime la forêt et les mûres!  Mais cet équilibre entre arbres et pâtures que d’innombrables générations ont travaillé et maintenu depuis des siècles est ce qui fait la beauté de nos paysages pastoraux.  C’est aussi ce qui constitue un usage raisonnable des ressources naturelles d’un territoire précis par les hommes qui l’habitent, aménageant une place pour l’humain dans les échanges inter-espèces de ce vaste écosystème qu’est la montagne.

Et surtout très vite on saisit la raison d’être d’un troupeau de caprins dans la vallée. En ré-ouvrant l’espace il améliore la qualité et la quantité des pâtures sur le secteur, les chèvres amendent le sol et nous rendent en lait et viande ce gracieux débroussaillage.

C’est le lieu qui nous souffle à l’oreille les choix à faire et les logiques, il suffit d’être attentif : le Courtaou du Hourc possèdent les granges et prairies propres à l’élevage à l’année d’un animal rustique. La chèvre pyrénéenne est parfaitement adaptée à ce terrain : elle adore la végétation ligneuse de montagne, se plait sur ces terrains escarpés, ne craint pas le froid ni trop la pluie, et en hiver, dès qu’un rayon de soleil pointe, elle n’hésite pas à quitter le chaud de la chèvrerie pour glaner sous la neige les feuilles de ronces.

Les chèvres sont intelligentes, elles ont de la personnalité, et aussi du caractère, leur courir après ne sert à rien. C’est un jeu qu’elles adorent ! Mais elles savent rendre ce qu’on leur donnent, et tant qu’elles ont ce qu’elles veulent elles sont prêtes à se plier à quelques règles.  Ce qu’elles veulent : de bonnes choses à manger, en abondance. On a la chance au Hourc de donner directement sur le communal, elles ont donc des hectares de friche et de prairies à réouvrir.

Elles ont près de 20ha de vallée , et sont menées chaque matin sur des parcours différents pour éviter le parasitisme induit par un pâturage trop long sur une même zone. Des clôtures sont posées autour de la grange et autour du potager, qu’elles laissent désormais tranquille, et on a mis en place une routine pour les appeler et les rentrer tous les soirs à la chèvrerie. Pas de chien de troupeau, avec un peu de maïs en récompense, des bons soins, des calins, et l’aide de nos chèvres meneuses nos relations sont pour le moins harmonieuses.

Le cycle est en place, on a mis le doigt dans l’engrenage de l’élevage et on aime ça, nous avons donc fait le choix de monter une petite exploitation de chèvres laitières et de produire des fromages paysans.

Nous avons tenu à adopter une race de nos vallées même si le rendement sera moindre. Sa rusticité, ses aptitudes montagnarde nous facilitera, on l’espère, le travail et les soins.

Au bout de ce premier été avec le troupeau nous avons acheté une chèvre adulte et deux chevrettes, notre ami nous a fait cadeau d’une chevrette et d’un chevreau.  Ce petit groupe a passé les mois de neige au chaud dans la bergerie.  Au printemps, deux chevreaux et une chevrette sont nés au Hourc, et six nouvelles chevrettes sont venues des vallées d’Aspe et des Baronnies rejoindre le troupeau.  Toutes sont des Pyrénéennes, robustes et belles chèvres à poil long, rustiques, et assez bonne laitières. 

La Pyrénéenne élevée pour sa viande et son lait est une race qui a failli disparaître avec l’imposition de races plus productives à l’ère de l’agriculture industrielle. Pourtant elle est parfaitement adaptée à nos montagnes et heureusement, elle voit sa population augmenter de nouveau, grâce à des éleveurs passionnés, avec plus de 4000 individus (ce qui reste cependant un stade critique).

Nous avons fait le choix de monter notre troupeau à partir de chevrettes de l’année, ce qui rend plus facile la mise en place des routines car elles n’ont pas encore leur caractère ! On ne débutera la fabrication fromagère qu’en 2021 lorsqu’elle auront l’âge de 2 ans avec un troupeau de 20 chèvres environs

Ajoutons à cela que nous ne sommes pas seuls. Deux autres éleveurs de Pyrénéennes se sont installés en laitiers dans la vallée avec également de petits troupeaux de 25 à 40 chèvres. L’une de ces chevrières produit déjà de délicieux lactiques, le deuxième chevrier ne va pas tarder à démarrer sa fabrication fromagère, l’émulation est en route !! Nous sommes soutenus et encouragés par des amis producteurs laitiers en estive, il n’y a plus qu’a s’accrocher !

Comme toujours, la vie à la montagne suit sa tranquille logique naturelle. On en apprend un peu plus tous les jours et franchement on est heureux de commencer ce travail de chevriers fromagers !

Plus d’information sur cette race : Association de la chèvre des Pyrénées


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