
La toiture traditionnelle comme le bâtit traditionnel -pré-industrialisation- sont des indices sûrs des matières premières localement disponibles. Si le 20ème siècle a profité de l’explosion industrielle et des énergies fossiles pour faire circuler à moindre coût les matériaux autour de la planète, tout nous incite aujourd’hui à repenser l’architecture et ses matériaux en circuit court et local.
Rapide panorama des toitures de montagne et basse montagne et leurs évolutions en Hautes Pyrénées :
Jusqu’à la fin du 19ème les toitures de chaume sont très rependues, la matière première et le savoir faire sont locaux. Le chaume s’efface progressivement fin 19ème début 20ème pour des raisons de sécurité liées aux incendies au profit de l’ardoise -d’abord chez les plus riches puis progressivement sur quelques granges foraines-. L’ardoise a son heure de gloire dans le sud ouest, puis elle disparait très vite comme couverture des granges foraines suite à l’épuisement des ardoisières locales et ce au profit de l’économique et généralisée tôle ondulée, fabriquée loin de nous. Nos montagnes gardent encore les traces de ces ardoisières abandonnées, reconnaissables à leurs talus stériles de déchets ardoisiers à flanc de montagne.
Un retour à la traditionnelle toiture végétalisée inspirée des couvertures des cabanes d’estives peut représenter le futur du toit Haut Pyrénéen.

Points forts :
La ressource principale est locale donc l’empreinte carbone faible, la mise en œuvre et l’entretient sont simples, gain en isolation thermique en été et phonique intégrés, donc économie de matériaux isolants.
La toiture végétalisée s’inscrit dans une continuité à la fois esthétique des cabanes de Courtàou qui étaient couvertes de lauzes et d’herbes et elle apporte tous les bénéfices connus par les multiples retours expériences des couvertures végétalisées à travers le monde et ceci depuis des siècles, dans des pays comme la Norvège ou elle est encore largement répandue.
La toiture test végétalisée* de 15m2 à 45° de pente que nous avons conçu il y a exactement un an ne se détériore pas. Elle s’embellit au fil du temps, le biotope végétal s’enrichit, et s’équilibre. Les plantes gourmandes en eau se concentrent sur le bas du toit et les plantes plus rocailleuses sur le haut. Elles se distribuent à chaque étage à l’image d’une montagne miniature.

La toiture végétalisée représente une excellente solution d’isolation thermique
la terre est également un excellent isolant phonique.
Elle protège les couches étanches sous elle par le fait que les matériaux imperméabilisants
résistent plus longtemps à l’abri des ultraviolets et du rayonnement thermique
solaire.
Les substrats utilisés permettent de filtrer les eaux de pluie, ce qui favorise la
régulation des débits hydriques.
Elle offre un lieu d’accueil et de la nourriture aux oiseaux. Sur notre toit les
chardonnerets picorent à loisir les graminées.
Elle réintègre esthétiquement le bâtit dans son milieu.

Le toit végétalisé est à l’automne très proche du traditionnel toit de chaume. A toute saison il se fond dans le paysage et crée un très bon plan de continuité visuel entre le minéral des murs et les prairies environnantes.
Nous aimerions tester à grande échelle ce type de toiture, parce qu’elle représente aujourd’hui le choix le plus cohérent en terme de développement durable et propose une alternative au choix historiciste actuel (chaume,ardoise ou tôle). Si le chaume peut encore être considéré comme un choix cohérent, le seigle devrait être local et non remplacé par un chaume importée.
L’ardoise la plus financièrement accessible vient de loin et reste couteuse. Les premiers prix en entrée de gamme se font aux profits d’incohérences écologiques due au transport notamment. Alors l’ardoise pour nos granges, oui c’est beau mais ce n’est peut être pas le choix optimal en terme de durabilité.
Dans le cas d’une restauration sur la base d’une couverture en tôle pré-existante, la pose de la toiture végétalisée permet de recycler la toiture en place qui sera recouverte d’une membrane étanche puis d’un élément permettant de fixer le système racinaire et de pannes en acacia ou de cornières inox posées longitudinalement et régulièrement pour limiter le glissement du substrat. Pas besoin de support drainant la pente de 45° assurant déjà un drainage important.
Dans le cas d’une restauration totale de la toiture c’est un choix intermédiaire financièrement intéressant, à mi chemin entre le disgracieux mais économique toit de tôle ondulé et les couteux toits d’ardoises ou de chaume. Bien sûr il faut à la manière norvégienne concevoir un système simple, qu’un auto constructeur pourra mettre en place. Une charpente dimensionnée pour ce type de couverture -c’est le cas des granges de montagnes conçues pour supporter toiture en ardoise et neige- une membrane étanche antiracinaire, et si vous souhaitez suivre leur technique, une couche d’herbe à l’envers qui servira de substrat en se décomposant et une plaque d’herbe à l’endroit en finition. Et comme tout substrat s’appauvrit s’il ne bénéficie pas d’apports, un compost répandu à la surface du toit fournira les nutriments nécessaires.
D’autres alternatives sont à étudier en considérant les ressources locales comme les couvertures en bardeaux de mélèze -mais l’essence est rare en Hautes Pyrénées- en acacia faux robinier ou encore en châtaignier…
*construction de la toiture végétalisée
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