Une chronique
En 2025, notre âne Lutin a quatre ans, depuis deux ans il suit le troupeau de chèvres fidèlement, restant avec elles jour et nuit, en montagne l’été comme en chèvrerie l’hiver. Il a clairement démontré ses capacités à défendre le troupeau contre les chiens qui voudraient s’en approcher, avec méthode et mesure : s’interposer, chasser, taper du sabot si besoin. Nous intégrons un projet de recherche autour de l’âne gardien, initié à l’Université de Limoges, qui réunit éleveurs et chercheurs dans le but de documenter, étudier, faire connaître et multiplier les pratiques actuelles du gardiennage par les ânes (relativement rares en France).
février 2025
Nous émergeons de l’hiver, le troupeau sort plus pour se dégourdir les pattes que pour manger, même si les chèvres apprécient de gratter un peu d’écorce et grignoter quelques feuilles de lierre ou de vieille ronce. Lutin ne dédaigne pas un peu d’herbe, même fanée par le froid.
Les filles sont toute en rondeurs, nous entrons dans le dernier mois avant les mises bas, elles sont calmes, un petit tour de vallée leur suffit.
Lutin, lui, déborde d’énergie, il enchaîne démarrages brusques, galopades débridés, petites danses en claquant des sabots et roulades sur le dos, tout cela sous le regard offusqué des chèvres. Dans son élan il sème parfois la panique, se met à courser une chèvre, ce qui de toute évidence n’est pas sans lui procurer un certain plaisir… Nous calmons le jeu, et constatons qu’au bout de quelques minutes Lutin se range dans le troupeau et se met à brouter tranquillement.
Fougue de printemps, se dit-on, après une saison d’hiver en chèvrerie à se dépenser peu. Cela semble passager, saisonnier, et même si certains de ses comportements nous inquiètent on n’y prête pas tellement attention. Après tout, cela fait deux ans qu’il est là Lutin, et tout se passe à merveille.
mars 2025
Boulette manque à l’appel, nous partons à sa recherche. Ça fait un moment qu’elle ne va pas très bien, mais cette pauvre Boulette est mourante depuis qu’elle est née, c’était déjà une petite chevrette malade qu’on a failli perdre à quatre mois, qui depuis rechute tous les ans, et que nous repêchons toujours de justesse. Elle a sept ans, c’est un miracle en soi, mais au moment où Fred et moi partons chacun dans une direction pour essayer de la retrouver, un petit nœud se serre quelque part entre le diaphragme et le cœur, à penser que ce miracle est sur le point de se dissiper.
C’est Fred qui la trouve, elle s’est effondrée sous les sapins, étalée sur le flanc dans l’humus, épuisée d’une dernière crise. Son corps se relâche, la vie s’écoule dans le sol, Boulette s’éteint. Nous rentrons le cœur lourd de tristesse, mais il y a autre chose, une inquiétude, un soupçon. Lutin l’aurait-il coursé, la précipitant vers sa fin ?
avril 2025
Lutin multiplie ses courses poursuite, il va parfois jusqu’à attraper une chèvre par le cou, au niveau de la nuque. Il semble vouloir faire le chien de berger, à ramener au troupeau les chèvres qui trainent derrière. Nous intervenons bien sûr, essayons de lui faire comprendre que trop c’est trop, mais un âne est rapide et parfois nous avons l’impression qu’il nous nargue, qu’il se vante en trottinant hors de portée lorsque nous lui crions dessus. Bien que récurrents, ces comportements restent marginaux, la plupart du temps Lutin est calme et suit tranquillement le troupeau. Les chèvres semblent sentir d’instinct quand la folie lui prend, et quand cela lui passe, et elles se positionnent en conséquence, mettant une distance adaptée entre elles et lui.
Jusqu’au jour où Osa ne rentre pas.
Nous mettons plusieurs jours à la retrouver, se demandant si le loup n’est pas arrivé jusqu’à chez nous, ne voulant pas et pourtant sans pouvoir s’empêcher de soupçonner Lutin. Mais comment Lutin pourrait-il s’attaquer à sa famille, à ce troupeau auquel visiblement il tient, qu’il défend et qu’il garde depuis deux ans ? Comment pourrions-nous l’accuser, cet âne dont on est si fier, qui s’est montré si intelligent, si réfléchi, si attentionné ?
Nous trouvons Osa gisant au bord de l’eau, dans un coude de ruisseau un peu à l’écart. Elle a un gros hématome au niveau de la nuque. Il n’y a plus de doute possible, c’est Lutin qui l’a tué.

mai 2025
C’est probablement la plus grosse remise en question que nous avons eu à vivre depuis l’arrivée des chèvres au Hourc. Tout d’un coup la communauté inter-espèce que nous formons est mis à mal, l’idéal d’une négociation sans domination avec nos partenaires animaux s’effondre, puisqu’il va falloir maintenant imposer notre volonté contre la volonté de Lutin.
Une observation en cachette du troupeau confirme son comportement agressif, nous sommes témoins d’une poursuite avec plaquage au sol. Nous séparons d’office Lutin du troupeau, le moral dans les chaussettes.
Nous faisons appel au réseau de recherche sur l’âne gardien, sollicitant les éleveurs d’âne, vétérinaires et éthologues pour essayer de comprendre ce qui se passe. Ces échanges sont très riches et nous apportent un soutien indispensable, grâce auquel nous finissons par écarter notre premier instinct qui aurait été de virer Lutin sur le champ.
Il est très difficile d’éviter de penser, d’éviter de sentir que Lutin est méchant, qu’il a voulu tuer. C’est d’une acrobatie mentale douteuse que d’essayer de se mettre dans la tête d’un âne. Mais petit à petit, les éléments se rassemblent et des pistes apparaissent pour agir.
Le déclencheur du comportement de Lutin pourrait être ou bien un instinct ou bien un manque, ou sinon un mélange des deux.
Avec les éleveurs d’ânes ainsi qu’avec une vétérinaire nous parlons de ce surplus d’énergie printanier, qu’il faudrait essayer de canaliser dans d’autres activités, pourquoi pas le faire marcher à la longe, porter un bât, transporter du bois, des bottes de foin ? La jalousie peut être un facteur, étant donné que la fin de la gestation nous amène à s’occuper beaucoup des chèvres et peut-être un peu moins de Lutin. Se pose la question d’un compagnon, soit de son espèce, soit un grand bouc. En effet, à l’arrivée de Lutin dans le troupeau nous avions un très grand bouc qui était devenu naturellement son partenaire de jeu. Ils se craignaient et se défiaient mutuellement, mais s’amusaient à se jouer l’un de l’autre. L’introduction d’un deuxième âne comporte des risques, les éleveurs étant plutôt convaincus que deux ânes se suffisent à eux-mêmes et ne suivraient plus le troupeau.
Les deux éthologues, dont une est spécialisée dans le comportement équin et l’autre dans le comportement des chiens gardiens de troupeau, nous expliquent que les étalons rassemblent leur harem en les poussant et les mordillant, les juments sachant faire face pour mettre fin au harcèlement. Lutin arrive à l’âge adulte, il aurait peut-être besoin d’affirmer une forme de dominance sur le troupeau, son substitut d’harem, sauf que les chèvres ne sont pas en position de lui faire face de manière efficace. Des comportements agressifs ne sont pas rares chez les chiens gardiens de troupeau, particulièrement au moment de la puberté et au moment de la maturité, où ils peuvent se retourner contre leur troupeau, mordre et parfois tuer les animaux qu’ils sont censés garder. Ce sont des moments clés où il faut intervenir fermement pour empêcher les mauvaises habitudes de s’installer.
Mais un chien n’est pas un âne, comment intervenir fermement ? Lutin nous échappe allègrement s’il décide de galoper, c’est un gros animal qui est moins soumis qu’un chien.
Les éleveurs, la vétérinaire et les éthologues nous ont tous, avec des pincettes, en hésitant, à la fin de la conversation, et avec beaucoup de mise en garde, suggéré un collier de dressage…
juin 2025
S’ensuit un temps très éprouvant pour nous et pour Lutin. Nous suivons le troupeau à longueur de journée, tous les jours. Lutin est équipé d’un collier de dressage pour gros chien, et nous redoutons de devoir nous en servir, sachant qu’il va falloir le faire. Nous faisons des erreurs bien sûr, agissant trop tôt, trop tard, questionnant sans cesse le moment où il faut intervenir, essayant de faire la différence entre un mouvement d’approche amical et un début d’action agressive. Cette correction disciplinaire est le contraire de la relation que nous voudrions avoir avec nos animaux, et nous rageons contre son apparente nécessité.
Lutin, lui, apprend très vite, et comprend rapidement que c’est nous qui appuyons sur les boutons. Il n’a plus de gestes déplacés, mais que se passera-t-il quand on enlèvera le collier, quand on le laissera seul avec le troupeau ? Nous ressentons parfois, ou peut-être projetons-nous, une certaine défiance de sa part, la confiance s’est effondrée et elle sera longue à reconstruire, des deux côtés.
Nous accueillons tout de même une équipe de chercheurs qui voudraient filmer le comportement de Lutin vis-à-vis des chiens, en amenant deux chiens de berger extrêmement bien dressés qui effectueront des approches pour susciter ses actions de défense. Nous ne savons pas comment Lutin va réagir, surtout que notre surveillance autoritaire a pu le faire douter de ce qu’il a le droit de faire ou pas, avec les chiens comme avec les chèvres.
Nous nous cachons à distance du troupeau avec des jumelles, pour que notre présence n’influence pas les animaux.
C’est la première fois que nous avons la possibilité de regarder comment le troupeau s’organise face à un potentiel prédateur en notre absence. Il y a bien sûr quelque chose de louche dans la situation, avec ces humains qui font exprès de s’approcher avec leurs chiens et un autre qui filme. Lutin n’est pas dupe, et les chèvres non plus. Le troupeau se resserre, Lutin surveille mais il faut insister un peu pour qu’il se mette en action.
Ce qu’il finit par faire. Sa méthode est claire, il s’approche du chien pour le pousser, puis retourne vers le troupeau pour pousser celui-ci dans la direction opposée, et puis revient vers le chien. A un moment où le chien insiste un peu plus, il tape un coup avec son sabot antérieur, visant le chien qui esquive et s’éloigne. Il continue ces aller-retour jusqu’à s’assurer que le chien, bien qu’agaçant, ne fera rien au troupeau.
Les chèvres ne se tiennent pas tellement à l’écart de la situation. Elles se poussent quand Lutin les intime de s’éloigner, mais elles sont curieuses aussi, et pas dépourvues de stratégies de défense propres… Les meneuses forment un mur face au chien, et Ouscade, une grande boule de muscles avec un caractère de maman ourse, profite d’un passage du chien en dessous d’elle pour charger et lui donner un coup de bélier dans les côtes, coup qu’il esquive de justesse.
Tout cela nous rassure, sur les capacités de défense de notre troupeau, mais aussi sur l’attachement de Lutin aux chèvres, et sur le fait que nous n’ayons pas bridé l’action de Lutin en lui mettant une correction.
Petit à petit, nous osons laisser un peu plus d’autonomie au troupeau et à leur gardien. Ça tient. Le collier électronique disparait, et nous retrouvons avec soulagement l’équilibre d’avant le drame.


crédit photo Eloïse Leroy, Conservatoire des races d’Aquitaine
juillet 2025
Deux jours de colloque avec toute l’équipe du programme de recherche. Le deuxième a lieu dans la vallée de Lesponne, avec une visite au Hourc l’après-midi pour rencontrer Lutin, devenu la star de l’événement. Les échanges sont passionnants, entre éleveurs de petits ruminants travaillant avec des ânes, éleveurs d’ânes, éthologues, historiens, généticiens, associations pastorales accompagnant les bergers. Ils sont français, italiens, portugais, ça brasse des données, des expériences, des hypothèses. Bref, nous en sortons des idées plein la tête et et du baume au cœur.
Un des sujets à être débattu ce jour-là, celui de l’introduction d’un deuxième âne, compagnon et apprenti auprès de Lutin…

août 2025
Le problématique du deuxième âne n’est pas simple. L’âne gardien est élevé comme un patou, c’est-à-dire, il est introduit très jeune dans le troupeau, seul pour qu’un attachement fort s’établisse entre l’âne et les petits ruminants dont il aura la garde. L’introduction de deux ânes a pour résultat que ce lien ne se crée pas, puisque deux ânes se suffisent à eux mêmes. Des élevages utilisant plusieurs ânes pour garder existent, mais dans des conditions de pâtures clôturés, maintenant toutes les espèces dans un même espace.
Au Hourc, la pâture est libre. Mais Lutin connaît bien son travail, il est déjà très lié aux chèvres. Nous sommes confiants qu’un deuxième âne, un jeune qui suivrait l’exemple donné par Lutin, ne posera pas de problème majeur. Et nous serions tellement heureux d’offrir à Lutin un partenaire pour ses jeux d’âne, pour galoper ensemble, se mordiller et se frotter. Tout en formant un nouveau gardien.
L’éleveuse qui nous a vendu Lutin a ses doutes, mais elle est curieuse, investie dans le programme de recherche, et de bon conseil. Elle nous offre la possibilité de faire un essai, gratuitement. Fin août, Nuage débarque au Hourc.
septembre 2025
A notre plus grande surprise, Lutin ne semble pas enchanté par son nouveau compagnon, il a plutôt l’air de s’en méfier, de le supporter de mauvaise grâce. Mais Nuage lui colle aux basques et le troupeau sort au grand complet à la montagne. Les deux ânes suivent les chèvres, Nuage se fait le pied montagnard, sa présence n’affecte en rien le fonctionnement habituel des animaux. Cela se passe tellement sans encombre que nous décidons rapidement de leur laisser leur autonomie, se disant que le lien affectif se tissera petit à petit.
Mais les premiers hics ne tardent pas. Nous retrouvons le troupeau dans un brouillard à couper au couteau, avec Lutin mais sans Nuage. Panique. Des heures à sillonner la montagne, à scruter la brume pour essayer d’y distinguer la silhouette du petit âne. Un menu empreint de sabot dans le sens de la descente nous donne espoir qu’il soit descendu de lui-même. Nous le trouvons effectivement sur la piste principale de la vallée, et notre soulagement est marqué par une averse torrentielle sous laquelle nous ramenons tranquillement Nuage au bercail.
Un jour le troupeau rentre en fin de journée sans les deux ânes. Après de longues recherches nous les retrouvons en train de brouter en forêt, insouciants. Nous attachons une cloche au cou de Lutin pour plus facilement les repérer si cela se reproduit.
Et cela se reproduit. De plus en plus. On se retrouve de nouveau à suivre le troupeau à longueur de journée, à pousser les ânes pour qu’ils suivent les chèvres, avec plus ou moins de succès selon le parcours qu’elles empruntent. Nuage suivrait Lutin n’importe où, c’est bien Lutin qui décide de ne plus jouer le jeu. Nous sommes déçus, et très inquiets à l’idée d’avoir saboté des années de bon travail, de construction de bonnes habitudes, de voir l’équilibre inter-espèce s’effondrer une nouvelle fois. Lutin devient distant, il ne rentre plus avec le troupeau en fin de journée sans qu’on ait à se mettre derrière lui. Parfois il va jusqu’à partir en galopant dans la direction opposée, à nous faire tourner en bourrique…
Nous persévérons jusqu’à la fin du mois, mais le temps est compté, il ne faut pas que de nouvelles habitudes effacent les anciennes, et nous avons déjà peur que ce soit le cas. C’est la première fois que nous nous apprêtons à faire marche arrière dans le développement de la ferme. Mais il faut avouer l’échec.
Nuage remonte dans le van (non sans résistance), et retrouve les siens sur sa ferme d’origine.
octobre 2025
Décidément, c’est d’une acrobatie mentale douteuse que d’essayer de se mettre dans la tête d’un âne. A l’instant même où Nuage disparait, Lutin reprend sa place auprès des chèvres, en bon gardien. Non seulement il se montre exemplaire dans le travail, il est de nouveau très câlin avec nous, même peut-être un peu plus qu’avant. Est-ce qu’il a eu peur qu’on le fasse monter lui aussi dans le van ? Ou est-ce qu’il a monté tout ce bazar exprès pour qu’on se débarrasse de Nuage ? Il ne nous en dira rien, ce coquin.
Quelques semaines plus tard, je sors le troupeau un matin de brouillard, de la purée de pois, on ne voit rien. On remonte la piste de la vallée, quand tout d’un coup, on entend un aboiement de gros chien derrière nous. Le temps de se retourner, un patou surgit de la brume en direction du troupeau. Lutin est campé sur ses quatre pattes, entre le chien et les chèvres (et moi…), puis il fonce sur le patou qui, surpris, s’arrête et repart en arrière. Entretemps, un bruit des sonnailles arrive à nos oreilles, je comprends que c’est une transhumance qui passe par la vallée. Le patou se retourne devant son troupeau de brebis, puis de nouveau il fonce sur Lutin, qui fait demi-tour et court pour pousser les filles (et moi…) vers le haut de la pente. Elles s’exécutent de mauvaise grâce, se mettent en rang au-dessus de la piste pour regarder le spectacle. Lutin retourne au patou, qui fait demi-tour. Je regarde impuissante mais impressionnée leurs aller-retours de défense respectifs. Les bergers rappellent le patou et Lutin monte sur le talus pour laisser passer le troupeau. Derrière les dernières bêtes, deux border collies ferment la marche, Lutin redescends sur la piste et pousse les chiens aux fesses jusqu’à ce que la transhumance s’éloigne de notre troupeau. Une fois son travail accompli, son premier geste est de tourner la tête vers nous, pour bien vérifier qu’on le regarde, qu’on ait vu. Puis il exécute une petite danse en trottinant vers nous, les oreilles dressées et l’œil pétillant, fière comme un coq.

novembre 2025
Est-ce que le drame est terminé ? Nous ne pouvons pas encore l’affirmer. Pour l’heure, tout se passe bien, nous avons de nouveau confiance les uns envers les autres. Mais au final, nous retrouvons la situation du départ, sans modification majeure dans le fonctionnement du troupeau. Est-ce que les problèmes avaient une origine hormonale liée au fait que Lutin arrivait à l’âge adulte, et est-ce qu’on peut donc espérer qu’ils étaient passagers ? Le printemps nous le montrera, il va falloir être vigilants.
Entretemps, nous essayons de faire faire d’autres tâches à Lutin pendant l’hiver, histoire qu’il ne s’ennuie pas. Marcher au licol et porter un bât, éventuellement lui faire transporter un peu de bois.
Nous sommes en train de lui construire une cabane à part, pour qu’il n’ait pas à batailler avec les filles pour la nourriture en chèvrerie (elles sont terribles!), et pour qu’il puisse se reposer de sa journée au calme, sortir se balader en solo s’il le souhaite quand les chèvres restent au chaud.
La suite au prochain épisode…

Laisser un commentaire