Projet de fouilles archéologiques

Historique des recherches

Le site du Hourc a fait l’objet d’un premier relevé photogrammétrique de la part de Carine Calastrenc (Cnrs, UMR 5608 Traces), dans le cadre du programme TAHMM (Télédétection Archéologique en Haute et Moyenne Montagne). L’intervention envisagée en 2024 constituera la première opération de fouille réalisée sur ce site.

Nature, période et importance scientifique du site

Le site du Hourc se trouve à 1000 m d’altitude dans la vallée de Lesponne (commune de Bagnères-de-Bigorre). Il s’agit d’un petit hameau d’une dizaine de cabanes pastorales d’époque moderne/contemporaine, en ruines et à la typologie particulière : ces établissements, dotés d’enclos et d’abris pour les veaux, sont destinés à l’estivage des vaches laitières pour une production spécialisée de fromage et de beurre.
Problématique de la recherche
La fouille de ce site répond à plusieurs questions :

  1. celle de la chronologie de ces ensembles d’abord, qui ne sont pour l’instant documentés que par l’ethnographie (de ce point de vue, le Hourc présente a priori, en surface, plusieurs états d’arasement) ;
  2. celle des pratiques relatives à l’élevage bovin laitier ensuite, qui restent pour l’instant un point aveugle des travaux archéologiques sur les systèmes pastoraux d’altitude et posent des questions techniques sur la conduite des troupeaux ;
  3. celle de la spécialisation de tels systèmes, enfin, dont les productions s’inscrivent dans des réseaux régionaux d’échange (le beurre de Campan se retrouve à l’époque moderne sur les marchés toulousains), et de ce que cette spécialisation implique en termes d’aménagement des terroirs : le courtaou du Hourc, comme d’autres, est associé à un système complexe de canaux d’irrigation qui non seulement alimentent des installations de conservation du lait et de la crème, mais sont en outre utilisés pour des transferts de fertilité vers l’aval.

Un dernier aspect du questionnement réside par ailleurs dans l’expression juridique de la propriété de ces cabanes (et des parcours qu’elles organisent) : sises, dans le plan cadastral napoléonien, sur une parcelle communale, elles n’en sont pas moins rapportées dans l’état des sections à des personnes qui les détiennent de façon pérenne et peuvent même les transmettre. Le système, décrit par Georges Buisan dans les années 1980 (Buisan 1991), mérite d’être mis en perspective au sein des différentes modalités d’appropriation des cabanes d’estive que l’on observe à l’échelle de la chaîne (Le Couédic 2010, Rendu 2021).
La fouille s’inscrit dans le projet de PCR « Habiter la montagne » consacré à une approche comparée des trajectoires valléennes pyrénéennes dans la diachronie, et proposé en 2024 pour une année de préfiguration (dir. C. Rendu, Cnrs UMR 5136 Framespa). Il y entre majoritairement dans l’axe 2, qui a pour vocation d’éclairer les formes encore méconnues d’estivage pastoral, tout en contribuant à l’axe 3, sur la propriété des terres d’altitude.

Le projet s’inscrit par ailleurs dans une démarche coconstruite avec l’association du Hourc, qui travaille à faire de ce lieu un espace laboratoire où la connaissance des traces et des paysages du passé vise à nourrir l’expérimentation de pratiques